A New York, les anti-Kyoto dénoncent « l'alarmisme environnementaliste »

LE MONDE | 13.03.09 | 15h20   Mis à jour le 13.03.09 | 20h07

 

Elle ne figure pas à l'agenda officiel des grandes réunions sur le climat, mais se targue du titre de "Conférence internationale sur le changement climatique". Sa deuxième édition s'est tenue à New York du 8 au 10 mars, avec comme invité de marque le président tchèque Vaclav Klaus, dont le pays préside actuellement l'Union européenne (UE).

Quant à l'organisateur de ce rassemblement - où s'est pressé un demi-millier de scientifiques, de politiciens et d'économistes -, il s'agit de l'Institut Heartland, un groupe de réflexion qui, selon sa charte, entend "promouvoir des solutions aux problèmes économiques et sociaux par la liberté du marché (et) la dérégulation, partout où l'initiative privée est plus efficace que les bureaucraties gouvernementales".

 

Credo des participants : dénoncer les théories sur le changement climatique, dénuées, selon eux, de fondements scientifiques et fer de lance d'une guerre sournoise contre le capitalisme. M. Klaus a ouvert les débats en dénonçant "l'alarmisme environnementaliste" dont "le véritable projet est (...) de ramener l'humanité des siècles en arrière". Une déclaration critiquée, le 12 mars, par Martin Bursik, ministre tchèque de l'environnement, qui regrette "l'amateurisme et les positions bizarres" de M. Klaus sur cette question.

 

Qui sont les vecteurs de cette menace ? Al Gore, l'ancien vice-président américain et co-Prix Nobel de la paix, mais aussi le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), pour qui l'impact de l'homme sur le climat est quasi certain.

 

"REFROIDISSEMENT PLANÉTAIRE"

 

Les intitulés des interventions indiquent la tonalité générale des débats. "Comment arrêter le protocole de Kyoto ou sa prochaine version ?", "Pourquoi le CO2 n'est pas responsable du réchauffement", etc. Parmi les tenants du "scepticisme", aucun climatologue de renom, à l'exception de Richard Lindzen (MIT) et Roy Spencer (Université d'Alabama à Huntsville), connu pour ses prises de position néocréationnistes.

 

Mais des divergences sont rapidement apparues. Plusieurs intervenants remettent en question la réalité même du réchauffement. Ainsi, pour le géologue Don Easterbrook (Université occidentale de l'Etat de Washington), on assiste, depuis 1977, à un "refroidissement planétaire". "Le seul lieu où la supposée catastrophe climatique se produit est dans le monde virtuel des modèles informatiques", expliquait de son côté le politicien Marc Morano. D'autres ne la nient pas, mais récusent le rôle de l'homme. Comme l'astronome Willie Soon (Université Harvard), qui l'attribue à l'activité solaire...


L'essentiel de la communauté climatologique "ignore totalement ce qui se passe à cette réunion, où on ne fait pas de science, et où aucun résultat nouveau n'est annoncé", explique le climatologue Gavin Schmidt (Goddard Institute for Space Studies, NASA). D'autres critiques soulignent que, chose rare pour les conférences scientifiques, les intervenants sont rémunérés. Ce que confirme au Monde Dan Miller, porte-parole de l'Institut Heartland. En outre, le groupe de réflexion ne divulgue pas la liste de ses donateurs. Exxon Mobil en a longtemps fait partie, avant de renoncer, en 2006, à financer le "climato-scepticisme".

 

Sylvain Cypel (à New York), avec Stéphane Foucart
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